Christian et Mauricette Delon

Tradi-Bergère

A la limite de la Lozère et de l’Aveyron, en bordure de l’autoroute A75, la commune de La Tieule a aménagé une zone artisanale appelée à se développer. De là, une petite route, sur 3 kilomètres, permet d’arriver au village caussenard de Longviala.

Une migration de neuf kilomètres pour s’agrandir

Christian exploitait, avec son épouse Mauricette, la petite exploitation familiale à Campagnac. Christian et Mauricette élevaient des brebis pour la vente des agneaux et complétaient le revenu en faisant du transport.

Fin 1999, ne pouvant s’agrandir sur place, ils profitent du départ dans l’Allier d’un éleveur de brebis de Longviala pour reprendre l’exploitation qui vient d’achever sa conversion en bio. 

Ils rachètent les bâtiments et loue les 235 hectares, en partie boisées, avant d’en acheter plus tard la moitié. En migrant de neuf kilomètres, ils ont traversé l’autoroute et changé de département et de Région.

Le temps de remettre en état les parcelles, notamment en défrichant 52 hectares, ils élèvent un troupeau de 50 vaches allaitantes Aubrac. En 2002, Christian et Mauricette reviennent au projet initial d’élevage de brebis laitières en achetant 472 agnelles de race Lacaune au Centre de Sélection. Ils construisent une salle de traite et équipe les crèches de tapis roulants pour la distribution du foin. Progressivement les vaches sont abandonnées. Le troupeau de brebis est conduit en 3 lots pour des agnelages en octobre, décembre et février de façon à produire du lait toute l’année. En 2007, c’est la mise en place du séchage en grange pour garantir un foin de qualité.

Aujourd’hui la ferme est bien équipée et c’est essentiellement Matthieu, l’aîné des 3 fils, qui s’en occupe avec Mauricette, sa mère. Ponctuellement, les 2 autres fils, Sébastien qui poursuit ses études à Bordeaux et Clément qui a son emploi à Séverac-Le-Château, donnent un coup de main.

Producteur Coeur Lozère

Laurent Augier • Vache48

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Les yaourts Tradi-Bergère

Dans un premier temps, tout le lait était livré à un industriel. En 2007, le prix n’étant pas assez revalorisé, Christian pense à transformer une partie de la production. Considérant qu’il y a déjà de nombreux producteurs de fromages, il pense à faire des yaourts de brebis. La production débute doucement, avec un équipement très simple et se développe au fur et à mesure de la demande.

En 2010, la totalité du lait produit est transformée en yaourt «fermier ».

En 2012, devant le succès, la famille Delon crée la société « Ferme du Causse » pour dissocier l’exploitation et l’activité de transformation. Cela lui permet d’acheter du lait à un groupement de producteurs bio aveyronnais. Aujourd’hui, sur les 4000 à 5000 litres de lait transformés par semaine, la moitié est produite par l’exploitation et l’autre moitié achetée. Chaque année, l’équipement évolue et l’atelier s’agrandit, jusqu’à 600 mètres carrés aujourd’hui, pour installer des outils plus adaptés.

Le yaourt reste le même mais change de statut en devenant du yaourt « artisanal ». Le nom de «Tradi-Bergère» traduit ce souci d’une fabrication traditionnelle avec du lait produit par des brebis qui pâturent. La silhouette de la bergère qui apparait sur les étiquettes n’est autre que celle d’Aurélie, la fille cadette, qui peut aussi bien conduire le troupeau que faire fonctionner la chaine de fabrication quand il y a besoin.

Le yaourt nature du début s’est progressivement complété des yaourts au miel, à la vanille, à la châtaigne, aux fruits rouges. Un yaourt à la confiture de lait, composé uniquement de lait de brebis et de sucre de canne bio, peut être proposé aussi en dessert. La petite couche plus épaisse en haut du yaourt peut surprendre les habitués du yaourt industriel mais ce n’est rien d’autre que de la matière grasse qui est remontée et c’est la preuve que le yaourt est fait avec du lait entier et frais non homogénéisé.

Aujourd’hui, Christian est à la tête d’une petite entreprise artisanale avec 2 salariés à la fabrication et une commerciale qui assure la prospection et le suivi dans les chaines de magasins bio et autres. La vente avait débuté dans quelques magasins lozériens et aveyronnais mais aujourd’hui, on peut trouver des yaourts Tradi-Bergère un peu partout en France avec pas moins de 200 points de vente dans la région parisienne.

Les 5 médailles d’or du Concours Général Agricole de Paris, sans compter d’autres récompenses, viennent témoigner que le remarquable développement de la production s’est toujours accompagné du maintien de la qualité des yaourts.

Bio et cohérent, la robotique en plus

Ce qui est frappant dans la démarche de Christian, c’est les choix qui ont été faits aussi bien pour développer la production que la transformation.

Le premier choix est celui qu’il résume par le terme de «cohérence bio», faisant du bio une pratique mais aussi une éthique. La production est en dessous du bon potentiel génétique des brebis pour leur bonne santé et une production de qualité. L’insémination artificielle n’est pas utilisée. L’alimentation se fait au pâturage ou au foin séché en grange avec les céréales de l’exploitation complétées par quelques achats bio. Pour lui, comme pour les producteurs aveyronnais à qui il achète du lait, le cahier des charges bio est respecté bien au-delà des exigences.

Les yaourts sont produits naturellement, sans autre additif que le ferment utilisé depuis le début. Le deuxième choix est celui de la robotique. A la bergerie, la salle de traite est semi-automatique et c’est un robot qui passe sur les crèches des brebis pour distribuer le concentré et les minéraux. A l’atelier de transformation, c’est un module intégrant 3 robots, le premier installé dans une petite structure, qui assure les taches pénibles et répétitives du conditionnement.

Enfin, pour la livraison des yaourts, un partenariat a rapidement été mis en place avec un distributeur sévéraguais et des plateformes de distribution, ce qui permet de gagner du temps et d’optimiser les coûts de transport tout en diminuant l’impact environnemental pour être toujours dans une démarche de cohérence bio.

La préoccupation est de se concentrer sur la conduite du troupeau, la fabrication des yaourts et la satisfaction du client. Christian montre ainsi qu’il est possible d’allier cohérence bio et robotique sur une ferme du Causse pour « la passion du goût au naturel ».

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.