Christian Masméjean

Les produits de Fariborne

A quelques kilomètres de Villefort, à l’intersection de 3 jolies rivières, le Chassezac, l’Altier et la Borne, et en limite des 3 départements de La Lozère, du Gard et de l’Ardèche, Pied-de-Borne offre un paysage magnifique que les habitants de ce relief difficile ont su façonner.

Fariborne, la farine de châtaignes

En 1997, le conseiller général du canton, Jean de Lescure et Christian s’interrogeaient sur la valorisation des petites châtaignes mal payées par les collecteurs. Un voyage en Corse les persuade de les transformer en farine. La Chambre d’Agriculture étudie la faisabilité. La commune accepte de porter le projet pour mobiliser des financements. Une SARL qui s’appellera Fariborne, est constituée avec une dizaine d’exploitants du canton. 

Un premier bâtiment est construit mais il s’avèrera rapidement trop petit et mal agencé. En 2011, avec le soutien de la communauté de communes, le bâtiment actuel est construit juste au-dessus de Pied-de-Borne. A coté de la surface de stockage, des machines fonctionnelles et un bon système de séchage au bois y sont installés.

L’atelier fonctionne de fin septembre à fin avril d’où la création du 1er groupement d’employeurs multifonctionnel de Lozère pour partager un salarié à quatre avec un agriculteur, un artisan et la mairie. Aujourd’hui, Fariborne, c’est 5 associés : 2 principaux, Christian et Bernard, 2 anciens, Jacques et Roger et un nouveau, Sébastien. La société achète en moyenne une soixantaine de tonnes de châtaignes et prospecte les pluriactifs ou retraités qui pourraient faire des apports pour un complément de revenu. Comme 3 kilos de châtaignes donnent 1 kilo de farine, Fariborne commercialise une vingtaine de tonnes de farine avec une demande en augmentation constante. Une vingtaine de particuliers viennent sécher et moudre leurs propres châtaignes à façon en contrepartie d’une participation au triage. Fariborne est donc bien l’outil de valorisation espéré pour l’économie du canton.

Producteur Coeur Lozère

Christian Masméjean • Produits de Fariborne

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Des goûts et des couleurs variées mais toujours bio

Le territoire de collecte est riche d’une bonne dizaine de variétés de châtaignes en fonction du terroir, des micro-climats, de l’utilisation, de la période de récolte… On peut citer la Fachade, la Clarespine, la Commune, la Précoce des Vans, l’Aguyane, la Pourette…l’Embournière en altitude et surtout la Sardoune qui est la meilleure et la plus réputée. La récolte est donc étalée mais elle doit se faire au plus vite pour chaque variété car la conservation au sol est plus délicate avec le réchauffement climatique qui se ressent.

Le séchage à l’air chaud, produit par la chaudière à bois déchiqueté, se fait en 6 jours sur 3 niveaux en descendant de niveau tous les 2 jours. Le décorticage qui suit est mécanique. Le tri est fait à 95% par une trieuse optique mais la finition se fait manuellement sur une table de tri à 3 ou 4 personnes : de nombreuses heures répétitives mêmes si elles sont conviviales. Les plus belles châtaignes sont vendues en l’état. Tout le reste est moulu et mis en sacs de 400 grammes, 1 kilo et 25 kilos pour les grossistes et les boulangers. Les châtaignes passent dans un moulin à marteaux ou un moulin à meule qui fait de la farine plus fine pour les crêpes ou les biscuits. Suivant, la variété et la mouture, on obtient des goûts, des couleurs et bien sûr des prix différents mais avec toujours le label de certification bio, les châtaignes étant 100% naturelles dans un environnement protégé de tout traitement chimique.

Des bonnes journées pour son troisième mi-temps d’éleveur

Christian n’a pas trop de son dynamisme pour occuper ses trois emplois.

Le premier, c’est la gérance de Fariborne qu’il assure avec l’organisation de la collecte, le fonctionnement de l’atelier et la commercialisation; Agnès, son épouse s’occupant des factures. Le deuxième, c’est sa fonction de maire de Pied-de-Borne avec un équivalent de 8 employés communaux, heureusement très impliqués et autonomes. Le troisième d’exploitant agricole est celui qui le tient depuis 1981 où il a acheté une petite propriété de 7 hectares en 20 parcelles. Cela lui permettait de s’installer avec son père qui avait une cinquantaine d’hectares et 80 moutons. A la même époque, il avait la possibilité de reprendre deux belles exploitations, notamment dans l’Allier où il avait fait son stage chez des lozériens chassés par le Lac de Naussac. Mais il voulait élever des moutons au pays et il a su convaincre Agnès son épouse, venue du Pas de Calais en vacances, de l’accompagner dans les débuts difficiles. La mécanisation étant impossible, c’est sur le dos qu’il fallait descendre le fumier de la petite bergerie et y remonter la récolte faite à la faux. Il fallait surveiller l’arrosage aux heures précises déterminées par un calendrier de gestion des canaux d’irrigation construits au XVIIIème siècle.

En 1986, à la retraite du père, il reprend l’ensemble de l’exploitation. Puis en 1991, il saisit l’opportunité: 2 frères célibataires veulent arrêter et louer leur exploitation de 274 hectares, en grande partie sur le plateau des Balmelles au-dessus. Après le décès de son père qui lui gardait les moutons, il pose 53 kilomètres de clôture venue de Nouvelle Zélande où l’on ne connait pas les sangliers qui vont la détruire. C’est donc en gardant son troupeau que Christian a planté des milliers de piquets pour refaire une clôture en grillage. En 2004, au décès des propriétaires, il rachète l’exploitation ainsi que 2 autres petites propriétés sans repreneur. Aujourd’hui, 530 hectares, dont un bon nombre ont été défrichées, permettent de nourrir et faire pâturer 200 brebis. Le travail de « crêve-chien » du début n’est plus qu’un souvenir fixé sur des photos. Aujourd’hui l’exploitation, la mairie et Fariborne sont les témoins du chemin parcouru ensemble par Christian et Agnès…en espérant que d’autres voudront bien le poursuivre.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.