GAEC Ressouche
A mi-chemin entre La Baraque de La Grange et Marvejols, la départementale D999 traverse Le Mazet. Ce petit village aux couleurs ocres, se trouve sur la commune de Lachamp, connue pour ses carrières de lauzes. A 960 mètres d’altitude, on est là juste en limite de Margeride et de Causse, juxtaposant ainsi plusieurs types de terrain sur l’exploitation.
Des générations de Ressouche
Sur le linteau de la porte de la grande maison familiale s’inscrivent les initiales d’un Ressouche et la date de 1882. Mais la présence au Mazet de la famille Ressouche, de père en fils, est notée avant 1800.
Louis et Solange se sont installés à la fin des années soixante sur la surface historique de l’exploitation de 50 hectares et une quinzaine d’hectares d’estives en Margeride. Le rachat des terres d’une petite exploitation et la location de deux autres, complétés par d’importants travaux de défrichage, ont permis de regrouper aujourd’hui une petite centaine d’hectares.
En 2001 Olivier, avec une formation agricole, s’installe en GAEC avec son père. En 2007, Nadège, la compagne d’Olivier arrive sur l’exploitation comme salariée, avec un projet d’installation. Leurs jeunes enfants qui tournent autour des vaches et du matériel augurent, certainement, d’une génération de plus sur la ferme du Mazet.
Producteur Coeur Lozère
Laurent Augier • Vache48
Progrès et innovations
En 1970, le troupeau de vaches Aubrac, une race qui était alors au creux de la vague, et le troupeau de brebis Lacaune sont remplacés par un troupeau d’Abondances, achetées en Savoie. Aujourd’hui, le troupeau de Montbéliardes, qui ont remplacé progressivement les Abondances, compte une soixantaine de vaches produisant annuellement un peu plus de 8000 litres de lait chacune, résultat d’une sélection attentive. En 1972, un bâtiment neuf vient remplacer le vieil étable traditionnel. Les vaches y sont attachées face à face de part et d’autre d’un couloir de distribution en prolongement de la grange, ce qui révolutionne une première fois le travail en facilitant la mécanisation. La ferme du Mazet avait, d’ailleurs, été dans les précurseurs de cette mécanisation indispensable avec l’achat du premier tracteur dès 1951 par le grand-père. En 2008, une nouvelle stabulation libre moderne, à 500 mètres de la maison, vient ajouter du confort aux animaux avec des logettes individuelles sur paille. En 2013, C’est un robot de traite qui vient changer les habitudes des éleveurs mais aussi des vaches, non sans un petit temps d’adaptation pour tous. Terminée la contrainte de la traite matin et soir avec le mal de dos qui pointe, ce qui libère du temps pour mieux s’occuper du troupeau et profiter un peu plus de la vie de famille. A chaque étape l’envie d’innover a été tempérée par la crainte de faire le pas trop vite…Un fromage traditionnel et une passion à partager
Le lait a toujours été livré à la coopérative mais dès 2004, le quota étant limité et le prix du lait bien bas, Solange a décidé de se lancer dans la fabrication du fromage. Après avoir suivi une formation, elle n’a fait que reprendre la recette familiale en l’améliorant par l’utilisation de ferments naturels pour faire la « tome du Mazet ». C’est un fromage traditionnel de la région affiné de 3 semaines à 4 mois. La cave se situe dans une ancienne étable. Partiellement enterrée, avec les murs en pierre apparente, elle permet à la tome de développer une belle croûte fleurie qui, au fil du temps, se couvre d’ »artisous » qui lui donnent un goût unique. Fruit d’un travail rigoureux, la Tome du Mazet est appréciée dans quelques magasins ou épiceries fines comme sur le marché de Marvejols ou les marchés festifs de l’été. La vente se fait, aussi, à la ferme, sept jours sur sept, et pour les horaires c’est « tant qu’il y a de la lumière ». L’arrivée de Nadège, qui aime le contact avec les clients, a d’abord permis d’accueillir des groupes en visites organisées. Puis l’organisation de goûters à la ferme est venue avec l’idée de faire apprécier les bons produits du Mazet tout en faisant redécouvrir le métier: « on n’imaginait pas tout ce travail » est souvent la réflexion des visiteurs. Au goûter, sont proposés du fromage, bien-sûr, mais aussi du fromage blanc sucré à la confiture de lait, de la confiture et du pain, le tout fait maison. Depuis 2012, un jeudi de la mi-juillet, se tient un marché à la ferme qui mobilise toute la famille. C’est l’occasion de faire se côtoyer d’autres producteurs qui viennent proposer leurs produits, des artisans qui montrent leur savoir-faire, des ateliers artistiques qui font le plaisir des enfants. Pour finir cette journée, un repas rassemble plus de 300 convives au son de l’accordéon avec un groupe folklorique qui invite à la danse.
La passion d’élever des vaches, la passion de faire des bons produits mais avec toujours l’envie d’un partage convivial de cette passion.
* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.
