Laurent Augier

Vache 48

« Saint Germain de Calberte est une grande paroisse d’environ neuf lieues de circonférence. Elle s’étage en terrasses sur une pente escarpée au milieu de vigoureux châtaigniers… ». C’est ainsi que Stevenson décrivait ce haut lieu de l’histoire cévenole où il a fait étape en 1878. Et cette description est toujours d’actualité avec ses châtaigneraies bien entretenues.

Un peu d’accent suisse en Cévennes

Maria est née dans un village du canton de Lucerne en Suisse. Elle a fait une formation de décoratrice sur céramique dont on retrouve les traces sur les panneaux joliment décorés indiquant son atelier. En 1977, le bouche à oreille l’amène dans le Gers, près de Auch chez un potier qui cherchait quelqu’un pour encadrer des stagiaires en été. Elle se lie d’amitié avec une fille des Cévennes avec laquelle elle fait un long périple jusqu’en Norvège qui se finit à Saint Germain de Calberte. 

Pendant quelques années, elle fait des allers-retours avec la Suisse jusqu’en 1985, année où elle se marie avec un éleveur de la vallée et s’installe définitivement. Deux garçons et une fille agrandissent la famille et tous les trois, après leurs études, sont installés en Lozère. Venant de la campagne et bien accueillie, l’adaptation pour Maria s’est faite sans problème. Depuis, elle a donné le goût des vallées cévenoles à d’autres membres de sa famille qui ont acheté des maisons pour venir en vacance.

Producteur Coeur Lozère

Laurent Augier • Vache48

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Le fruitier des Cévennes

Les enfants ayant grandi, Maria cherchait un travail à proximité. En 2000, elle trouve un emploi saisonnier au Fruitier des Cévennes à Saint Michel de Dèze, à une vingtaine de kilomètres. Elle y fait son apprentissage pour fabriquer des confitures, pâtes de fruits et coulis. En 2004, les deux dames, qui avaient créé l’entreprise en 1987, arrivent à la retraite et lui proposent de prendre la suite.

Elle poursuit, donc, l’activité de la même manière et se perfectionne en suivant une formation au Centre de Formation de Florac. En 2009, la municipalité de Saint Germain de Calberte construit un nouvel espace culturel et lui propose de transférer son atelier dans l’ancienne salle des fêtes avec la possibilité de l’aménager à sa convenance. Du carrelage, quelques cloisons, un peu de peinture et le bar devient le magasin pendant que le reste se partage en atelier, séchoir et local de stockage. Les machines ont trouvé leur place dans cet espace très fonctionnel. Idéalement situé à l’entrée du village, ce bâtiment bénéficie d’une très belle vue sur la vallée et le château fort Saint Pierre. C’est ainsi que Le Fruitier des Cévennes poursuit son activité à Saint Germain de Calberte, à deux pas de chez Maria.

Artisan des saveurs fruitières

L’activité s’étale sur toute l’année avec bien sûr un pic l’été et l’automne, ce qui nécessite l’embauche d’une saisonnière locale pour pouvoir, en même temps, fabriquer et tenir le magasin ouvert aux nombreux touristes. Maria s’approvisionne auprès de fournisseurs ou de cueilleurs fidèles qui lui garantissent une belle qualité des fruits. Elle en utilise environ 3 tonnes par an. Les coings sauvages viennent des Gorges du Tarn, les fruits rouges (framboises, fraises, cassis) de Lozère et d’Ardèche, les myrtilles du Mont Lozère…Les cynorrhodons, fruits de l’églantier et plus prosaïquement appelés « gratte-culs », sont cueillis vers Mende et Les Bondons, juste à maturité et bien rouges puis sont congelés pour garder une plus belle couleur à la pulpe que quand ils sont cueillis gelés sur pied. Les figues sont fournies par un producteur bio de Quissac, près de Montpellier. Les confitures ne contiennent que des fruits et du sucre de canne, sans addition de gélifiant ou conservateur. Elles sont conditionnées en pots de 100 et 320 grammes mais Maria propose aussi des seaux de 4,5 kilos pour des fabricants de yaourts.

Les pâtes de fruits sont confectionnées en grandes plaques conservées au séchoir et découpées en petits carrés juste au moment du conditionnement pour garder toute la fraîcheur. Pour la mise en sachets de 200 et 320 grammes et l’étiquetage, point de machines robotisées mais des astucieux petits chevalets en bois patiné qui permettent un travail manuel sans perte de temps et sans mal au dos. La vente se fait aussi en blocs ou en boites au couvercle transparent.

Le coulis, plus riche en fruit et plus liquide, est de plus en plus demandé pour accompagner les yaourts et le fromage blanc. Outre le magasin, la vente se fait aussi auprès de diverses boutiques lozériennes mais aussi sur Paris, Avignon ou Montpellier. Le site internet contribue également à faire connaitre le Fruitier des Cévennes et ses produits. Si Maria a plaisir à visiter se clients, la démarche commerciale n’est pas son occupation préférée même si elle est nécessaire. C’est pourquoi elle compte sur la qualité de ses produits pour fidéliser sa clientèle. Les nombreux trophées de « Lozère Gourmande » qui se suivent depuis des années – dont un triplé pour la confiture, les pâtes de fruits et le coulis lors de la dernière édition – contribuent à cette reconnaissance. Une belle satisfaction pour cette artisan autodidacte qui contribue aujourd’hui à la dynamique de Saint Germain de Calberte.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.