Michel et Cathy Dupire
La ferme de Gustou

A 2 kilomètres de Grandrieu, en direction de Langogne, une petite route vous amène à La Fage. A l’entrée, il y a la maison de Michel et Cathy mais, en continuant après la colline, vous avez la surprise de trouver sept autres exploitations agricoles dont une fait de la charcuterie et une autre des poulets et des yaourts.

La ferme de Gustou

Le père de Michel, originaire du Nord, est venu à La Fage rendre visite à sa marraine de guerre qui lui a fait rencontrer sa mère. Les vacances, la famille revenait à La Fage et c’est ainsi qu’il a rencontré Cathy. Celle-ci, avait vécu sept ans à Paris avec ses parents avant de revenir à Grandrieu.

Quand Michel et Cathy ont annoncé qu’ils voulaient être paysans, cela n’a pas suscité un grand enthousiasme familial : « on en est sortis, c’est pas pour que vous vous y remettiez !». En 1982, ils se marient et s’installent sur la ferme de l’oncle Gustou où Michel passait beaucoup de temps pendant ses vacances. 

Gustou, un « vieux garçon » comme on dit, très bricoleur, élevait, sur une vingtaine d’hectares, une douzaine de vaches de toutes les couleurs, dont il tirait un peu de lait livré à la coopérative. En même temps, ils reprennent la ferme de 30 hectares d’un cousin et deux ans plus tard, l’arrangement de famille apporte à Cathy une ferme de 40 hectares à sept kilomètres. Aujourd’hui, avec quelques communaux, l’exploitation compte une centaine d’hectares sur lesquelles vivent 48 vaches montbéliardes. C’est donc un élevage extensif, qui sans être bio, n’utilise pas d’engrais ou de produits phytosanitaires. C’est d’ailleurs une aubaine pour les rats-taupiers qui ravagent les prairies, comme dans toute la région, faisant peser une menace sur l’approvisionnement en foin et ensilage.

Producteur Coeur Lozère

Laurent Augier • Vache48

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Comme au temps des burons

En 1984, sous l’oeil sceptique de Gustou, l’étable est aménagée et agrandie en stabulation libre à logette. Ce type de bâtiment était nouveau mais correspondait au confort que Michel voulait pour ses vaches en hiver. Il est aussi plus facile de stocker et distribuer le foin et les céréales qui sont produites sur la ferme, malgré une altitude de 1200 mètres.

De mai à octobre, les vaches ne rentrent pas car elles sont traites au pâturage grâce à une installation mobile. Pour Michel, traire dehors, c’est retrouver un peu la vie des buronniers de la Croix de Bor ou du Bertades, autrefois sur les hautes terres de La Margeride. C’est pour lui un vrai plaisir de voir ses vaches bien propres venir à sa rencontre pour une traite souvent agrémentée d’un magnifique lever ou coucher de soleil. C’est ces moments là qui récompensent Michel des longues journées de travail dans lesquelles la charge de « paperasse » devient de plus en plus pesante. Et quand il faut rentrer les bêtes pour l’hiver, comme dit Cathy: « je ne sais pas qui est le plus déprimé des vaches ou de Michel ! »

Lou Prat d’Estébé

Au départ, Cathy travaillait à l’extérieur. En 1986, ils aménagent une petite fromagerie et Cathy s’essaie à la production de fromage sur la base de la tome que faisaient les grands-mères : elle l’appellera « Lou Prat d’Estébé » du nom de la parcelle où ils ont construit leur maison. Petit à petit la technique s’est affinée. Elle a la satisfaction d’avoir réussi à fabriquer un bon fromage mais le regret de n’avoir pas pu bénéficier, à ses débuts, de formations. Par la suite, elle a pu suivre des stages à l’école de laiterie d’Aurillac et bénéficier de l’appui du technicien de la Chambre d’Agriculture. La forme des fromages et leur durée d’affinage diversifient sa gamme de produits pour le marché de Langogne qui a lieu le samedi ou ses différents points de vente. Le bouche à oreilles amène aussi des clients à la ferme. La tome d’origine est complétée par un format plus petit mais aussi par la « brique du Gévaudan » ou le « boudin bleu » qu’elle a mis au point pour une découpe plus facile. Un fromage de 2,5 kilos est affiné plus longuement avec les « artisous » qui donnent une belle croute fleurie et un goût si apprécié des amateurs de fromage. Pour cela, à coté de la fromagerie rénovée en 1992 aux normes européennes avec les murs plastifiées, Cathy et Michel ont construit une cave plus naturelle où les murs en parpaings de pouzzolane respirent davantage. Mais il est parfois difficile de faire admettre qu’un produit artisanal typé ne va pas forcément avec des murs en plastique et qu’un bâtiment plus rustique n’empêche pas la rigueur de toutes les précautions sanitaires.

Aujourd’hui, Michel et Cathy, veulent se donner un peu plus de temps pour vivre: aller voir leurs fils ingénieurs dans les Alpes, sillonner les chemins de la Margeride en VTT… Pour cela, avec d’autres producteurs laitiers, ils ont le projet de monter un groupement d’employeurs qui permettrait de partager un salarié compétent. C’est une des conditions pour que la production laitière continue à La Fage: autrefois, les huit exploitations du village produisaient du lait ; il n’y en a plus que deux dont celle de Michel et Cathy.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.