Valérie Chausse

Les Herbes de Margeride

Chams, dans la commune de Saint Symphorien, en Haute Margeride aux confins de la Haute-Loire, est un village autrefois important qui avait lutté pour avoir sa propre église. Juste à côté de cette église aujourd’hui rénovée, se trouve l’ancien presbytère habité par Valérie.

Un voyage initiatique

Dans une autre vie, Valérie, bretonne d’origine, était responsable du personnel dans une entreprise de Valencienne, avec une belle perspective de carrière. Les années passant, s’interrogeant avec une amie sur le sens à donner à leur vie, elles décident de faire une coupure. Et les voilà parties pour un long voyage à pied, en compagnie de deux ânes. Un âne portait tout le matériel pour pouvoir camper et faire la cuisine et le deuxième portait le castelet et les marionnettes pour un spectacle qu’elles proposaient dans les écoles ou centres culturels.

L’itinéraire prévoyait un tour de France mais, ne connaissant ni l’une ni l’autre le Massif Central, elles décident de le traverser, ce qui les amène en Lozère et plus précisément au village des Faux, près de Saint Alban. Elles y restent trois jours, bien accueillies par les habitants et l’instituteur qui leur propose d’aller rendre visite à son ami Claude. Le voyage, fait de belles rencontres et de beaux paysages, durera un an et demi pour finalement amener son amie dans un monastère cistercien en Bretagne et Valérie à Chams.

Producteur Coeur Lozère

Valérie Chausse • Les Herbes de Margeride

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Un double coup de cœur

Claude, natif du village, était passionné de musique traditionnelle qu’il enseignait à Gandrieu, Langogne et Saint Chély d’Apcher. Pour compléter ses revenus, il avait démarré une production de miel avec une trentaine de ruches. C’était l’époque où la production était bonne avec un minimum de mortalité d’abeilles, ce qui a suscité de nombreuses vocations en Lozère. Egalement passionné de nature, Claude, enfant, suivait sa grand-mère pour cueillir des plantes et des champignons, une tradition en Lozère. En 1992, il s’est donc lancé dans la cueillette sauvage de plantes pour deux collecteurs du Gard et du Puy de Dôme et pour un herboriste suisse. La demande portait sur les bourgeons de pin, la fleur de sureau, la calune, la primevère, l’ortie, l’aubépine, la feuille de ronces…la feuille de frêne qu’ici, on croyait juste bonne pour les lapins et les vaches ! Sur de petites parcelles en location, il s’est mis à cultiver d’autres plantes annuelles comme la bourache, les bleuets…et à planter des rosiers et des cassissiers dont l’industrie pharmaceutique prisait les feuilles et les bourgeons.

En 2002, ayant fini son périple, Valérie revient en stage et finalement s’installe avec Claude. Les deux se complètent : Claude davantage sur la production, Valérie davantage sur la commercialisation. Cela les amène à privilégier la qualité sur la quantité pour une meilleure valorisation d’une partie de la production en créant « Les Herbes de la Margeride ». Ils obtiennent la certification Bio et ils adhèrent au syndicat SIMPLES (Syndicat Inter-Massifs pour La production et l’Economie des Simples – www.syndicat-simples.org) qui regroupe une centaine de producteurs-cueilleurs de plantes médicinales, aromatiques, alimentaires, cosmétiques et tinctoriales avec un cahier des charges très strict. La transformation, qui se fait surtout l’hiver, est un bon complément de la cueillette qui occupe les autres saisons Un atelier agrée, dans les dépendances de la maison familiale, permet la fabrication des pots de miel et de confiture, de sirops, de gelées et de confits de fleurs. Pour Valérie, ces années sont le résultat d’un double coup de cœur : pour ce coin rude de la Lozère qui, dans ses paysages magnifiques, recèle des trésors de diversité souvent ignorés et pour Claude avec qui elle a eu un fils.

Poursuivre avec Elouan

En mai 2013, Claude décède brutalement. Elle décide de poursuivre ce qu’ils ont développé ensemble en ciblant davantage les plantes à cueillir et à cultiver en fonction de la demande. Les deux collecteurs sont toujours fidèles, l’herboriste suisse est toujours demandeur. Valérie a pris goût aux marchés estivaux où elle côtoie sa clientèle. Mais surtout, outre trois grands magasins en Lozère, Haute Loire et Bretagne, ses produits sont en vitrine dans quelques hauts lieux touristiques lozériens. Les étiquettes au graphisme épuré, qu’elle dessine et imprime elle-même, laissent parler les infusions au travers de la fenêtre transparente des sachets sobres et élégants. Avec des couleurs différentes ces étiquettes ornent, aussi, les bouteilles de sirops et les pots de gelées et de confits. Les deux ânes se reposent de leur long voyage dans un pâturage en compagnie de quatre autres, en attendant les promenades familiales dans les jolis sentiers environnants pour lesquels ils sont loués. Valérie peut compter sur l’appui de son beau-père et surtout sur les coups de main des voisins qui l’aident pour les gros travaux. Ils surveillent aussi ses ânes quand, à l’occasion de vacances scolaires, elle s’en va revoir sa famille en Bretagne. Dans le presbytère joliment rénové par la mairie, Elouan, aujourd’hui âgé de sept ans, montre, avec fierté, les photos de son père en train de jouer de l’accordéon ou de cueillir des fleurs dans les près. Valérie a encore des projets de cultures, de cueillettes et de transformations : bon vent pour « Les Herbes de La Margeride ».

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.