Des bonnes journées pour son troisième mi-temps d’éleveur
Christian n’a pas trop de son dynamisme pour occuper ses trois emplois.
Le premier, c’est la gérance de Fariborne qu’il assure avec l’organisation de la collecte, le fonctionnement de l’atelier et la commercialisation; Agnès, son épouse s’occupant des factures. Le deuxième, c’est sa fonction de maire de Pied-de-Borne avec un équivalent de 8 employés communaux, heureusement très impliqués et autonomes. Le troisième d’exploitant agricole est celui qui le tient depuis 1981 où il a acheté une petite propriété de 7 hectares en 20 parcelles. Cela lui permettait de s’installer avec son père qui avait une cinquantaine d’hectares et 80 moutons. A la même époque, il avait la possibilité de reprendre deux belles exploitations, notamment dans l’Allier où il avait fait son stage chez des lozériens chassés par le Lac de Naussac. Mais il voulait élever des moutons au pays et il a su convaincre Agnès son épouse, venue du Pas de Calais en vacances, de l’accompagner dans les débuts difficiles. La mécanisation étant impossible, c’est sur le dos qu’il fallait descendre le fumier de la petite bergerie et y remonter la récolte faite à la faux. Il fallait surveiller l’arrosage aux heures précises déterminées par un calendrier de gestion des canaux d’irrigation construits au XVIIIème siècle.
En 1986, à la retraite du père, il reprend l’ensemble de l’exploitation. Puis en 1991, il saisit l’opportunité: 2 frères célibataires veulent arrêter et louer leur exploitation de 274 hectares, en grande partie sur le plateau des Balmelles au-dessus. Après le décès de son père qui lui gardait les moutons, il pose 53 kilomètres de clôture venue de Nouvelle Zélande où l’on ne connait pas les sangliers qui vont la détruire. C’est donc en gardant son troupeau que Christian a planté des milliers de piquets pour refaire une clôture en grillage. En 2004, au décès des propriétaires, il rachète l’exploitation ainsi que 2 autres petites propriétés sans repreneur. Aujourd’hui, 530 hectares, dont un bon nombre ont été défrichées, permettent de nourrir et faire pâturer 200 brebis. Le travail de « crêve-chien » du début n’est plus qu’un souvenir fixé sur des photos. Aujourd’hui l’exploitation, la mairie et Fariborne sont les témoins du chemin parcouru ensemble par Christian et Agnès…en espérant que d’autres voudront bien le poursuivre.
* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.