La carte de la diversité
Depuis quelques années, Joël avait une cinquantaine de ruches pour le plaisir avec lesquelles il s’était formé. Comme dans sa précédente entreprise, il est devenu un professionnel maîtrisant la production et la commercialisation, loin de l’image d’amateur dilettante qui colle parfois à certains apiculteurs. Dès son installation, il acquiert 200 ruches qu’il développe rapidement pour atteindre le nombre de 400.
Il décide de jouer sur la diversité en produisant dix à douze miels différents, contrairement à l’habitude de l’apiculture traditionnelle. Pour cela, il jongle avec les régions, les saisons et les floraisons grâce à une transhumance très mobile. Cette diversité de lieu permet d’éviter les zones d’agriculture intensive avec ses produits chimiques qui agressent les colonies et décuplent les pertes. Cela minimise aussi les effets des dérèglements climatiques qui font baisser la production. La Lozère permet la production du miel toutes fleurs mais aussi des miels typés de pissenlit, framboisier, ronces, sapin, bruyère ou châtaigner. Le Sud de l’Ardèche fournit le miel de lavande. Le Cantal enrichit la palette avec le miel de tilleul, d’acacia, de bourdaine. L’Hérault complète avec le thym, le romarin et l’acacia mais surtout permet de démarrer bien plus tôt la saison des abeilles. Ce démarrage est important car, plus le miel entre, plus les abeilles s’activent, ce qui incite les reines à pondre davantage, augmentant ainsi la productivité des ruches pour la suite de la saison. Le miel est un produit très particulier qui est obtenu d’une façon très particulière.
Pour Joël et Bernadette, la commercialisation est importante pour valoriser le produit et là aussi la diversité est de mise. Joël livre lui-même les principaux magasins du département mais aussi quelques points de vente à l’extérieur: Aveyron, Montpellier, Paris… sans compter certains restaurants prestigieux. C’est l’occasion de rencontrer ses clients mais aussi de veiller à la bonne mise en valeur des pots dans les linéaires.
Seul point commun avec la vie d’avant : les kilomètres puisque les transhumances, les visites des ruches et les livraisons font afficher 50 000 kilomètres par an au compteur des véhicules.