Julie et Martine Turc

Les volailles de Julie et Martine

Au col de Perjuret, rendu célèbre par la chute de Roger Rivière sur le Tour de France 1960, une petite route vous conduit à L’Hom. Ce village de 6 familles est surtout connu comme étant un point de départ pour découvrir le chaos ruiniforme de Nimes Le Vieux sur le Causse Méjean.

Une exploitation familiale qui sait se perpétuer

Sur cette exploitation familiale, on retrouve des Turcs au moins jusqu’en 1730. Plus récemment, Bernard s’est installé en 1973, avant d’être rejoint par son frère Christian en 1988. Sur l’exploitation de 200 hectares, ils élèvent 130 brebis de race BMC pour produire des agneaux broutards.

En 1991, Martine s’est installée en agrotourisme avec une production de volailles et pendant quelques années de chèvres Mohair pour la laine qu’elle faisait transformer en tricots, jusqu’à l’abandon par manque de temps et le remplacement aujourd’hui par 9 vaches limousines.

En 2005, Cyril, le fils de Bernard et Martine, rejoint le GAEC en louant une ferme de 730 hectares à 5 kilomètres, équipée pour la production laitière. Il monte progressivement un troupeau de 250 brebis de race Lacaune pour livrer du lait à Roquefort Société. En 2013, Bernard prend la retraite et cède ses parts à un neveu, Dimitri. La nourriture de l’ensemble des brebis, aussi bien le foin que l’enrubannage ou les céréales, est récoltée sur 160 hectares de terres cultivables. Tout le reste est clôturé pour faire des parcours que les moutons entretiennent tout en s’y nourrissant aux beaux jours. Aujourd’hui, le troupeau de brebis BMC, en 3 lots d’agnelage chaque année, produit des agneaux viande labellisés qui partent sur Paris et le troupeau Lacaune produit du lait de février à aout pour la collecte Roquefort. Enfin, en 2012, c’est Julie, la fille de Martine et Bernard et sœur de Cyril, qui délaisse une carrière commerciale pour suivre une formation agricole et s’installer. Pour cela, elle a acheté 90 hectares à Hures sur lesquelles elle fait pâturer 10 vaches limousines et récolte le foin avec le matériel du GAEC.

Bernard était seul en 1973, 40 ans plus tard, c’est 5 personnes qui font vivre l’ensemble de l’exploitation dont 3 autour de la trentaine: un beau gage d’avenir !

Producteur Coeur Lozère

Julie et Martine Turc

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Des compléments de revenu qui deviennent des revenus pour Martine et Julie

En 1982, comme tous les éleveurs de moutons, ils subissent la crise et se pose le problème de la survie de l’exploitation. Bernard et Martine participent à la réflexion d’un certain nombre d’éleveurs du Causse Méjean qui se posent les mêmes questions. Ils contribuent donc à la création de la Coopérative Causses-Lozère pour monter un atelier collectif de découpe. Ils font le choix, comme la plupart, de faire un petit atelier de cochons par extension du cochon traditionnel pour la consommation familiale. Une petite porcherie avec litière sur paille est construite et la production démarre modestement avec 6 cochons la première année. Cela montera jusqu’à 40 pour se stabiliser aujourd’hui à une trentaine. La vente des jambons, saucissons et saucisse sèche se fait à la ferme où une boutique a été ouverte, dans quelques points de vente alentour et ils participent à la commande collective d’un supermarché. Un poulailler sera construit pour élever aux céréales des petits lots de 50 poulets, 50 pintades et quelques canards et dindes qui ne manquent pas de place pour se dégourdir dehors. L’arrivée de Julie, qui a fait des formations spécialisées, a permis de varier les productions en retrouvant, par exemple, une vieille recette du saucisson au genièvre qu’elle est la seule à faire.

Le développement de la ferme auberge et de l’activité touristique offre un débouché de plus en plus important à ces fabrications.

Agriculture et tourisme

Il y a bien des années, un ancien du village disait : «peut-être qu’un jour Nîmes Le Vieux vous permettra de vivre ». C’était une parole prophétique car le chaos ruiniforme hostile à l’agriculture s’est peu à peu transformé en site touristique très fréquenté. Aujourd’hui, un parking à l’entrée du village canalise les visiteurs qui viennent marcher gratuitement sur les 4,5 kilomètres du sentier balisé au milieu de ces rochers aux formes fantomatiques. L’Hom est une étape pour les marcheurs du Tour du Méjean ou du GR60 entre Sainte-Enimie ou l’Aigoual, mais aussi pour les VTTistes, les cavaliers ou les motards. En mai et juin, ce sont les amateurs d’ornithologie qui viennent observer les nombreux oiseaux et les orchidophiles qui viennent admirer la douzaine d’orchidées qui survivent dans cette zone classée Natura 2000. Bernard et Martine avaient bien entendu les paroles de l’ancien. Dès son installation, Martine a développé un projet d’agrotourisme avec un gite d’étape, deux chambres d’hôtes et une table d’hôtes qui permettait de valoriser une partie des productions de la ferme. L’arrivée de Julie permet de donner une autre dimension à cette activité en construisant une nouvelle salle pour faire une ferme-auberge et agrandir la boutique. Cela permettra de recevoir une clientèle plus large qui vient profiter du site sur la journée et veut déguster les bons produits de la ferme.

Le site internet fait voyager la ferme à travers le monde et c’est le monde qui vient à la ferme, faisant de l’isolement une simple apparence.

Quand Bernard regarde un peu en arrière, il dit: «on roulait pas sur l’or mais on s’est toujours battus pour rester ici »… et pas pour rien puisque aujourd’hui, les trois jeunes de la ferme ayant leurs conjoints et enfants, c’est cinq familles qui vivent au village autour de la ferme : c’est plus précieux que de l’or sur le Causse Méjean.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.