Luc, Anne et Philippe Almeras

GAEC des Maurels

Du tombeau de Duguesclin, à l’Habitarelle, en direction de Chaudeyrac, à droite sur le plateau à 1280 mètres d’altitude, se trouve le village des Maurels avec l’exploitation de la famille Alméras.

Retour au pays

De 1960 à 1974, la ferme familiale était louée. Pendant ce temps, Pierre le père, avec son CAP d’ajusteur-tourneur est parti bourlinguer, notamment en Côte d’Or. Il y a rencontré Paulette, et en 1974, marié, il revient au pays. Il y retrouve une ferme de 40 hectares médiocres sur laquelle il installe un troupeau de brebis BMC, les plus aptes à tirer parti de ces terres. Ayant vu ce qui se passe ailleurs, son premier souci est d’améliorer les terres en défrichant pour nourrir correctement un premier troupeau de vaches laitières dès 1981.

En 1985, une opportunité permet l’acquisition de 85 hectares dans le village voisin. En 1993, Luc rejoint son père pour former un GAEC dans lequel, deux ans plus tard, Philippe, son frère remplace leur père qui prend la retraite. En 2001, quand Luc se marie, Anne rejoint le GAEC. Luc aux animaux, Philippe au matériel, Anne au fromage, cette complémentarité n’est certainement pas étrangère à la réussite du GAEC des Maurels.

Producteur Coeur Lozère

Laurent Augier • Vache48

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De la persévérance et du savoir-faire

Munis chacun de leur BTS et étant aussi un peu allés voir ailleurs, les deux frères n’auront de cesse de continuer le travail de défrichage mais surtout de drainage. En tête du bassin de Naussac, les pâtures sont gorgées d’eau. L’achat d’une pelle mécanique sera un matériel bien utile pour poser 20 kilomètres de drains tout en aménageant un point d’eau dans chaque parcelle. Profitant de cet excès d’eau canalisée, un petit lac de retenue est créé pour irriguer en période de sécheresse: c’est ce lac, synonyme d’abondance, qui est en photo sur les étiquettes des fromages. L’autre préoccupation était d’améliorer le sol en apportant de la chaux et du fumier composté. A l’arrivée de Philippe, les brebis sont définitivement remplacées par un beau troupeau de Montbéliardes sélectionnées par Luc. Sur des terres rénovées, les prairies et les champs de triticale viennent compléter les près de bonne herbe d’altitude. Parallèlement, au fil des ans et de l’agrandissement du troupeau, la bergerie a été réaménagée et d’autres bâtiments pour les vaches ou pour le stockage ont été construits par eux-mêmes. Pour améliorer encore la qualité du foin, un projet novateur de séchage en grange avec capteurs solaire est mis en place. Finalement avec beaucoup de persévérance et de savoir-faire, les parents, Luc, Philippe et Anne ont su faire, à partir de quelques hectares inhospitalières, une belle exploitation qui compte aujourd’hui 270 hectares, 85 vaches laitières Montbéliardes complétées par un troupeau de 60 vaches allaitantes Limousines.

Un peu de résistance pour préparer l’avenir

L’exploitation s’est développée mais le quota laitier n’a pas suivi, si bien que le troupeau allaitant et surtout le fromage sont venus compenser. Déjà les parents avaient commencé la fabrication et même remporté des prix aux premiers concours des fromages de Saint Alban.C’était une tomme traditionnelle, qui, comme le disait la maman, « réjouissait les amateurs lors du repas du cochon et du battage des gerbes ».En alliant les gestes du passé et la modernité, Anne transforme un lait à température naturelle, arrivant directement du pis des vaches. Juste à côté, il y avait une belle cave en pierre et pour la conserver, il a fallu résister pour faire comprendre que dans les normes européennes, tout en prenant le plus grand soin, « l’esprit valait mieux que la lettre » . C’est en effet cette cave qui, ajouté à la rigueur de la fabrication, fait bleuir les fromages dans une croûte couleur granit: ainsi une tomme ordinaire de 2 kg devient un fromage exceptionnel pour peu qu’on ait la patience d’attendre 6 à 8 mois d’affinage. Pour satisfaire la clientèle à la ferme ou sur les marchés de Marvejols et Saint Chély, une tomme de 1 kg affinée un mois est aussi proposée. Le reste du lait est collecté par un industriel mais, là aussi, il faut faire un peu de résistance pour obtenir un prix équitable, car sachant ce qu’il a couté de travail, de soucis et de soins « on ne veut pas le donner pour rien » et disparaitre comme beaucoup d’exploitations laitières. Résister à la rudesse du pays, à la rigueur des règlementations et à la brutalité d’un marché mondialisé ne fait que renforcer la foi en l’avenir des 3 associés. Les projets ne manquent pas et pour peu que Sylvain, Fabien, Laurianne, et Pierre, les enfants de Luc, encore jeunes mais déjà impliqués dans le travail de la ferme, se montrent intéressés, il est facile d’imaginer leur place dans le GAEC des Maurels.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.