Vincent Martin

Les yaourts de la famille Martin

Traversé par le GR4 qui relie Saint Flour à Loubaresse dans l’Ardèche, La Fage est un village dynamique de la commune de Grandrieu avec sa cinquantaine d’habitants en hiver. A 1150 mètres d’altitude, il abrite 8 exploitations dont 2 qui produisent du lait avec un atelier de transformation.

Une exploitation familiale qui a vécu toutes les évolutions

En 1981, Jean Marc, le père, s’installe sur l’exploitation familiale où ses parents élevaient une trentaine vaches Aubracs et travaillaient avec des bœufs sur une soixantaine d’hectares dont 40 en propriété. Il achète le premier tracteur et décide de se spécialiser dans la production de lait en remplaçant les Aubracs par des Montbéliardes, meilleures laitières.

En 1989, Nadine, la mère, s’installe à son tour, faisant franchir à l’exploitation une nouvelle étape avec la production de poulets dans l’ancienne étable qu’une stabulation libre à logettes de 52 places avait remplacé. En 2005, un bâtiment tunnel abrite les 500 poulets, par ailleurs élevés en plein air sur le terrain attenant. Les poussins arrivent en avril et, après avoir été nourris au grain, les volailles sont vendues prêtes à cuire entre juillet et septembre, à un poids pouvant atteindre 4 kilos. La vente se fait à la ferme et à la demande auprès d’une clientèle locale ou des touristes qui passent leur commande pour l’année.

En 2005, c’est Guillaume, le fils aîné, qui s’installe à son tour. Bénéficiant d’un apport de quota, il augmente la production et la surface qu’il améliore par des défrichements. Passionné par les animaux, il travaille encore la sélection du troupeau pour en faire un des meilleurs du département, glanant des prix dans les concours où il présente ses championnes.

En 2014, C’est Vincent, le fils cadet, qui rejoint le GAEC. Aujourd’hui, les 4 associés produisent 600 000 litres de lait avec 80 vaches sur 210 hectares répartis en 4 sites plus ou moins éloignés.

Producteur Coeur Lozère

Vincent Martin • Les yaourts de la famille Martin

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Des yaourts pour installer Vincent

Pour s’installer, Vincent a dû trouver des terres afin d’avoir la SMI (Surface Minimum d’Installation). Les terres disponibles étant très rares et très convoitées sur le coin, il a dû reprendre la ferme d’un oncle située à 30 kilomètres sur laquelle sont élevées les génisses en été et récoltés du foin et des céréales.

Mais, il fallait aussi dégager un quatrième salaire et pour cela essayer de mieux valoriser une partie du lait. Constatant qu’un certain nombre de producteurs de lait font des fromages, il fait le choix de produire des yaourts car la fabrication est assez simple et il n’y pas de yaourts fermiers dans la région. Il rachète tout le matériel à une productrice de la Haute-Loire qui arrête et l’installe dans la vieille étable réaménagée aux normes.

Deux à trois fois par semaine, il fabrique les 5000 yaourts hebdomadaires, une production doublée en été. Les yaourts natures sont les plus demandés mais treize yaourts aux fruits sont aussi proposés au goût des consommateurs, parmi lesquels la châtaigne, les myrtilles, les fruits des bois et les mûres sont les plus prisés. Les pots transparents arborent un joli dessin de Montbéliarde, une fleur à la bouche et les pieds dans cette prairie de montagne qui donne tous ses arômes au lait.

Pour démarrer, il avait repris la tournée de la personne à qui il avait acheté le matériel. Puis rapidement, il a démarché avec succès les principaux magasins du département. Une autre partie est vendue directement à la ferme ou sur le marché de Langogne le samedi et Gandrieu le dimanche, ce qui permet une relation directe appréciée avec les clients.

Une médaille d’Or au concours « Sud de France » est venue conforter le choix et le travail de Vincent.

Un JA engagé avec des projets

Avant de s’installer, Vincent a valorisé son BTS Production Animale et sa licence professionnelle pendant quelques années comme contrôleur laitier. Un stage de quatre mois au Québec lui a permis de mûrir son projet d’installation.

Ainsi, il a su trouver sa place dans le GAEC auprès de son père Jean Marc plutôt en charge du matériel, de sa mère Nadine occupée par les poulets et la vente à la ferme et de son frère Guillaume responsable des vaches, sachant que chacun participe à toutes les taches au gré des besoins. Le souci de tous et particulièrement de Vincent est de ne pas se faire dépasser par le travail.

Un projet de nouvelle stabulation avec un robot de traite et un distributeur automatique de concentré est à l’étude pour améliorer le confort des vaches mais aussi faciliter le travail des éleveurs. Pour s’inscrire dans la modernité, Vincent est aussi partie prenante d’un projet de « Drive In » à Montpellier, piloté par les Chambres d’Agriculture de la Lozère et de l’Hérault. Ce nouveau concept de vente concerne huit producteurs lozériens qui proposent des fromages, de la viande de bœuf et d’agneau, des volailles…et les yaourts de Vincent et huit producteurs héraultais qui proposent plutôt du vin, des légumes et des fruits. Les clients passent leur commande par internet et sont livrés une fois par semaine à un lieu donné.

Vivre de sa production en innovant et en préservant une qualité de vie est un choix que Vincent met en pratique au quotidien mais qu’il défend aussi dans ses responsabilités syndicales de JA (Jeune Agriculteur) engagé.

* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.